De la rudesse à la violence : un pas à ne pas franchir lors d’un match de hockey si on ne veut pas avoir de démêlés avec la justice.
Assise au Centre Bell, davantage concentrée sur mon cellulaire que sur la partie, la clameur soudaine de la foule ramena rapidement mon attention sur la glace et sur le tableau indicateur, persuadée que nos Canadiens venaient de marquer un but. Hélas, non. Ce n’était pas un but qui venait d’être marqué mais plutôt un joueur qui venait de lancer les gants. En fait, on peut se demander si ce sont les buts ou les bagarres qui déclenchent les plus grandes clameurs de la foule.
Voie de fait dans le sport
Les foules des amphithéâtres de hockey risquent de crier moins fort pour les bagarres que pour les buts dans l’avenir, du moins au Québec dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. En effet, après le verdict de culpabilité rendu en septembre dernier contre un joueur de cette ligue pour voies de fait au tribunal de la jeunesse, voilà que le 7 octobre, Jonathan Roy, fils de Patrick Roy, s’est vu accordé une absolution inconditionnelle suite à un plaidoyer de culpabilité à des accusations de voies de fait simples.
On se rappellera qu’en mars 2008, Bobby Nadeau, gardien de but des Saguenéens de Chicoutimi, avait refusé de se battre alors que Roy, gardien des Remparts de Québec, avait traversé la patinoire et assené 16 coups de poing à ce dernier. Nadeau, qui n’avait pas répliqué et avait simplement tenté de se protéger, n’avait subi aucune blessure et n’avait pas porté plainte contre Roy à la police.
La scène montrée par les réseaux de télévisions avait soulevé les passions et la Direction des poursuites criminelles et pénales, suite à l’enquête policière, avait décidé de porter des accusations contre Roy.
Évolution des critères pour porter plainte
Ces accusations ont pu être portées étant donné que la Direction des poursuites criminelles et pénales avait décidé de modifier les critères pour pouvoir porter des accusations contre des participants à une partie de hockey. L’ancienne directive ne visait que le joueur qui s’était battu alors que l’adversaire avait non seulement refusé de se battre mais avait aussi été blessé. La nouvelle directive n’exige plus que le joueur qui refuse de se battre soit blessé. Donc, dès que des coups seront portés à l’égard d’un joueur qui refuse de se battre, des accusations pourraient être portées contre le joueur tentant d’initier la bagarre.
Dorénavant, les participants à une partie de hockey devront réfléchir à deux fois avant de porter un coup à l’adversaire. Selon le juge Valmont Beaulieu de la Cour du Québec, lorsqu’il a prononcé sa sentence, il ne faut pas considérer le geste de Roy comme étant un « écart de jugement » mais plutôt comme étant la commission d’une « infraction criminelle ». Si la rudesse doit être tolérée dans une partie de hockey, la violence ne semble plus avoir sa place.
Un signal fort pour le futur
En somme, les cours de justice semblent avoir décidé d’envoyer un message clair contre la violence au hockey. Pour notre part, bien que nous ne soyons pas les avocats de M. Roy, nous sommes satisfaits qu’une absolution ait été prononcée dans cette affaire et croyons que c’est la sentence appropriée dans ces cas. En effet, nous ne croyons pas qu’il soit souhaitable que des peines exemplaires, voire exagérées, soient octroyées à tous les joueurs faisant face à la justice. Le futur nous dira quel sort les cours réservent à ces joueurs.
Un papier Avocat Laval
À suivre…
Pour votre information, après l’étude du dossier, le DPCP a refusé de porter des accusations criminelles à l’endroit du joueur de hockey Zdeno Chara, Bruins de Boston lorsqu’il avait eu cette mise en échec violente au printemps dernier sur la personne de Max Pacioretty du Canadien de Montréal au Centre Bell et ce malgré les blessures sévères subies.