Suite de l’article: selon la section
- L’introduction, le mandat de la commission
- Les participants :
- Les intervenants :
- Les témoins et leurs témoignages
- Les participants sont-ils protégés ?
Voici la liste des témoins qui ont été entendus à la Commission (en date de fin janvier), ainsi que leur titre, les dates auxquelles ils ont été entendus et quelques faits saillants pour la plupart d’entre eux. Cela vous permettra d’en apprendre d’avantage sur la progression de cette commission d’enquête et les résultats qui en découlent.
Jacques Lafrance –
Secrétaire associé aux marchés publics, retraité.
(8 juin 2012)
M. Lafrance a été présenté par Me Sylvain Lussier, le procureur de la Commission, comme étant la « mémoire institutionnelle » de l’attribution des contrats au gouvernement. M. Lafrance a expliqué le processus de l’adoption de loi sur les contrats des organismes publics, l’encadrement des marchés publics au Québec, et les trois règlements associés.
Il a déclaré que le problème des « extras » facturés par les entrepreneurs en construction, existerait depuis au moins 50 ans. Il suggère que les municipalités et sociétés d’État comme Hydro-Québec, soient assujetties à la Loi sur les contrats des organismes publics (LCOP). Cette loi permettrait de mettre un frein à l’octroi de contrats de construction « au plus bas soumissionnaire conforme ».
Michel Dumont –
Conseiller expert au secrétariat du conseil du trésor, sous-secrétariat aux marchés publics, direction de la formation sur les marchés publics.
(11 juin 2012)
M. Dumont a expliqué que des firmes de génie étaient embauchées par le ministère, suite à une évaluation faite par des comités de sélection. Il a toujours été possible pour ces firmes de présenter une demande d’accès à l’information afin de connaître le nom de ceux qui composent ce comité.
Désormais cela n’est plus possible puisque ce règlement a été changé récemment.
Chantal Gingras
Sous-ministre adjointe / Ministre des transports / Direction générale des territoires / Direction générale ajointe à la planification et à la coordination territoriale.
(12 juin 2012)
Mme Gingras a fourni des explications claires et détaillées au sujet de la planification, l’administration et la coordination des travaux routiers pour les 14 directions territoriales du ministère des Transports du Québec.
Tous les projets que le personnel du ministère veut mettre en œuvre, doivent être approuvés par le ministre des Transports. Dans les documents qu’on présente au ministre pour approbation, ces projets sont repartis par circonscription électorale.
Marcel Carpentier
Directeur des contrats et des ressources matérielles, Québec / Ministère des transports du Québec.
(12 et 13 juin 2012)
M. Carpentier a décrit le processus de gestion des contrats au ministère des Transports du Québec. Il a également fait mention du rôle important de sa direction dans l’encadrement administratif, précisément pour l’octroi de contrats et pour les réclamations sur contrats.
Il a lui aussi exposé la manière quasi systématique selon laquelle les firmes de services professionnels obtenaient les noms des membres de comités qui se penchaient sur la valeur de leur soumission, en utilisant la Loi d’accès à l’information.
Selon M. Carpentier, le MTQ s’opposait à cette pratique mais se considérait forcé par la Loi d’accès à l’information de révéler la composition de ces comités de sélection aux firmes qui le demandaient.
Jacques Duchesneau
Ex-dirigeant de l’Unité anti-collusion.
(13-14-18-19-20-21 juin 2012)
M. Duchesneau a d’abord détaillé la genèse de l’Unité anti-collusion (UAC) qu’il a dirigée de février 2010 à octobre 2011, ainsi que les conclusions de son rapport. Il admet également avoir ensuite poursuivi son enquête sur le financement politique de son propre chef. Selon l’UAC, il existe 36 stratagèmes qui pervertissent le bon fonctionnement des marchés publics et cela, au détriment du Trésor public.
Le MTQ a perdu son expertise en ingénierie au profit de firmes de génie-conseil privés. Les entrepreneurs et les firmes de génie ont donc peu de comptes à rendre, créant ainsi une situation malsaine.
De plus, certaines entreprises en construction sont contrôlées par le crime organisé et ont recours à de l’intimidation pour éliminer la concurrence. Cela leur permet de s’entendre ensemble pour faire augmenter le coût des contrats. M. Duchesneau a déclaré au sujet du financement illégal des partis politiques, que tout l’argent amassé proviendrait de manigances et d’arrangements et que soixante-dix pour cent de cet argent ne serait pas issu de dons officiels enregistrés.
Ces méthodes douteuses n’auraient pas pour but d’engraisser les partis politiques mais plutôt les gens qui font de la politique, notamment par les cocktails de financement.
Martin Morin
Enquêteur UAC/UPAC Collaborateur de Jacques Duchesneau.
(18-19 juin 2012)
Annie Trudel
Agente de renseignement de l’UPAC, collaboratrice de Jacques Duchesneau.
(18-19 juin 2012)
Louis Delagrave
Économiste.
(17 septembre 2012)
M. Delagrave a affirmé que l’industrie de la construction connaissait une très grande croissance depuis 15 ans et que cela risquait de continuer pendant encore plusieurs années. Il a décrit les caractéristiques de cet industrie, ses intervenants, et la législation qui l’encadre.
Valentina Tenti
Ph.D. en criminologie.
(18-19 septembre)
Le témoignage de Mme Tenti nous a aidé à mieux comprendre les coutumes des organisations criminelles présentes au Québec, au Canada et aux États-Unis. Selon elle, ces organisations ont leurs propres ramifications dans l’économie « légale », au travers de multiples entreprises, en particulier celles de la construction.
Elle a expliqué comment en Italie, l’industrie de la construction a été infiltrée par la mafia. Elle s’est surtout attardée au modus operandi de la Cosa Nostra (sicilienne), la Ndrangheta (calabraise) et la Camorra (napolitaine).
Ces organisations mafieuses italiennes profitent des faiblesses de l’environnement législatif et économique en place. Elles n’attaquent pas le système, elles l’exploitent.
Mike Amato
Détective/Constable, York regional police.
(20 septembre 2012)
M. Amato a tracé d’importants parallèles entre la situation du crime organisé en Ontario et l’implication de ses membres dans l’industrie de la construction, et la situation au Québec. Des groupes associés aux organisations mafieuses (Ndrangheta et Cosa Nostra) infiltrent l’économie légale en Ontario, dont l’industrie de la construction.
Plusieurs individus liés à ces organisations utilisent des entreprises légitimes pour blanchir de l’argent.
Joseph Pistone
Ex-agent du FBI.
(24 septembre 2012)
M. Pistone est ce célèbre agent double qui avait infiltré la famille mafieuse Bonanno au début des années 80, sous le pseudonyme de Donnie Brasco. Lors de son témoignage il nous a expliqué comment la mafia New-Yorkaise a fait main basse sur l’industrie de la construction de l’État.
Ce sont en fait les cinq familles mafieuses de New-York qui se sont servi de leurs propres entreprises pour infiltrer l’industrie.
Elles extorquaient de l’argent à d’autres en utilisant l’intimidation ou leurs contacts au sein des syndicats et des fournisseurs de matériaux de construction.
Linda Fréquière
Caporale de la GRC.
(25 septembre 2012)
Mme Fréquière fût analyste de l’Unité mixte d’enquête sur le crime organisé de la GRC. Elle se spécialisait dans le crime organisé traditionnel italien en général, et plus particulièrement ses activités au Québec.
Elle a souligné que la mafia italienne est active dans de nombreuses industries ligitimes comme la construction, la sécurité privée, la restauration, les cafés et les bars et la vente de matériaux de construction.
Vinicio Sebastiano
Caporal de la GRC.
(25 septembre 2012)
L’unité mixte sur le crime organisé où travaillait M. Sebastiano a abouti à l’opération Colisée au début des années 2000, la plus importante opération antimafia de l’histoire du pays.
Au moins 90 personnes ont été arrêtées, dont les principales têtes dirigeantes du clan Rizzuto. Au café Consenza, quartier général du clan Rizzuto, six entrepreneurs ont été aperçus : Nicolo Milioto, Domenico Arcuri, Francesco Catania, Accursio Sciascia, Michel Argento et Tony Maggi.
Puisque l’industrie de la construction n’était pas visée lors de cette enquête, ces entrepreneurs n’ont pas été accusés.
Éric Vecchio
Enquêteur de la Commission.
(26-27 septembre et 15 novembre 2012)
Dans le but de déceler des informations liées au mandat de la commission, M. Vecchio a analysé les vidéos filmées par la GRC dans le cadre de l’opération Colisée. Ces vidéos exposent les activités qui se sont déroulées au Club social Consenza.
On y voit quatre entrepreneurs en construction montréalais venant porter de l’argent aux têtes dirigeantes du clan Rizzuto, soit Nicolo Milioto, Domenico Arcuri, Accursio Sciascia et Lino Zambito.
Selon M. Vecchio l’intermédiaire entre les entrepreneurs et le clan Rizzuto aurait été Nicolo Milioto et le supérieur de celui-ci aurait été Rocco Sollecito.
M. Vecchio a aussi déposé à la Commission une liste d’entreprises dont les véhicules ont été aperçus dans le stationnement du Consenza, ainsi que des photos saisies en 2011 chez Frank Catania et associés.
Lino Zambito
Ex-propriétaire des entreprises Infrabec.
(27 septembre et 1er-2-3-4-15-16-17 octobre 2012)
On voit Lino Zambito, entrepreneur en construction, remettre de l’argent à Nicolo Milioto dans une vidéo filmée au café Consenza.
Il est venu expliquer à la Commission le fonctionnement du système de collusion en place et dont il fait partie, qui permet d’avoir le contrôle sur les contrats des travaux d’aqueducs à Montréal. Il a parlé des relations privilégiées entre les entrepreneurs et les firmes de génie-conseil dans la couronne Nord de Montréal.
Il a également parlé des activités de financement politique qui découlent de ce copinage et plusieurs membres du PLQ sont éclaboussés. Selon lui, dix firmes se séparent les contrats d’égouts à Montréal.
Pour chaque contrat truqué, les membres de ce cartel devaient payer une ristourne de 2,5 % de la valeur du contrat à la mafia montréalaise, et 1 % à Gilles Surprenant, ingénieur chargé de la conception des projets à la ville de Montréal.
Des fonctionnaires en charge de la surveillance des chantiers ont aussi été corrompus en approuvant de faux extras sur des contrats. Ce fonctionnement illégal a d’ailleurs provoqué une énorme augmentation des coûts des contrats.
En avril dernier, Lino Zambito a plaidé coupable d’avoir tenté de convaincre des adversaires de Sylvie Saint-Jean, l’ex-mairesse de Boisbriand, de ne pas se présenter contre elle aux élections. De plus, M. Zambito et la firme Roche ont organisé cinq soirées de financement pour Nathalie Normandeau, ex-ministre des Affaires municipales. Ils ont alors recueilli des centaines de milliers de dollars pour le Parti Libéral du Québec.
Mme Normandeau avait d’ailleurs admis qu’elle avait accepté des billets offert par Lino Zambito, pour des spectacles de Céline Dion et Madonna. M. Zambito doit également répondre a des accusations criminelles de fraude, de collusion et d’abus de confiance dans le dossier de la construction de l’usine d’épuration des eaux à Boisbriand, dont Infrabec a obtenu le contrat de 28 millions de dollars.
Gilles Surprenant
Ingénieur retraité de la ville de Montréal.
(18 et 22-23-24-25 octobre 2012)
D’abord montré du doigt par Lino Zambito, M. Surprenant a confirmé qu’il y avait collusion pour les contrats d’égouts de la ville de Montréal lors de son témoignage. Il a admis avoir reçu 700 000$ en pots-de-vin en échange de sa collaboration avec les membres du cartel dans le but d’augmenter la valeur des contrats. 122 800$ des pots-de-vin ont été remis à la Commission.
M. Surprenant a expliqué que son rôle était de modifier l’évaluation primaire du coût des contrats. Avant que les soumissions soient ouvertes pour un contrat, l’entrepreneur que le cartel a sélectionné pour remporter la mise appelle M. Surprenant pour lui dire le prix qu’il souhaite obtenir.
M. Surprenant rédige alors une note explicative pour justifier le tout. Il affirme que sa ristourne sur les contrats truqués était en moyenne de 0,5 % et non de 1 % comme l’avait dit Lino Zambito. Il a déclaré avoir été corrompu pour la première fois par l’entrepreneur Frank Catania en 1988.
Après que Frank Catania lui ait dit « les gens qui nous empêchent de manger, on les élimine », M. Surprenant s’est senti menacé, a collaboré et a été récompensé. Il a également admis avoir joué au golf à deux reprises avec Vito Rizzuto, Tony Conte de la firme Conex ainsi que Luc Leclerc, ingénieur de la Ville.
Elio Pagliarulo
Ex-propriétaire des pâtisseries Pagel.
(29 octobre 2012)
M. Pagliarulo est un ex-ami et un ex-partenaire d’affaires de Paolo Catania, grand patron de Frank Catania et associés, et surnommé « monsieur extras ». Selon M. Pagliarulo, Paolo Catania s’était lui-même donné ce surnom parce qu’il payait des inspecteurs de la Ville de Montréal pour qu’ils approuvent les extras réclamés par sa compagnie. Il a expliqué les liens unissant Paolo Catania et l’ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino.
Ces liens se sont créés dans le cadre du dossier Faubourg Contrecoeur. L’unité permanente anticorruption a d’ailleurs affirmé que ce projet immobilier avait donné lieu à de la fraude. M. Pagliarulo a déclaré Frank Zampino avait reçu 555 000$ de pots-de-vin grâce au projet Faubourg Contrecoeur. Selon lui, les Catania appartiennent au clan Rizzuto et la mafia récolte 5 % des contrats truqués à Montréal, plutôt que 2,5 % comme l’avait affirmé Lino Zambito.
Les firmes qui faisaient de la collusion pour faire grimper le coût des contrats publics avaient été fondées par des gens issus du village natal de Nicolo Rizzuto. Ces contrats étaient d’ailleurs organisés par Rocco Sollecito et Nicolo Milioto en était l’intermédiaire.
Martin Dumont
Ex-organisateur politique pour le parti Union-Montréal.
(29-30-31 octobre 2012 et 21 janvier 2013)
Octobre 2012 : Martin Dumont a raconté certains épisodes reliés au financement politique de l’Union des citoyens et citoyennes de l’Îles de Montréal, rebaptisé par la suite Union Montréal. Il a aussi fait mention de rencontres qu’il a eu avec Nicolo Milioto.
Il a déclaré que le maire Gérald Tremblay avait été informé de la double comptabilité de son parti lors des élections partielles de l’arrondissement Saint-Laurent en 2004. Cette déclaration a provoqué une onde de choc qui a mené à la démission du maire Tremblay. Martin Dumont a dit avoir été choqué en apercevant un coffre-fort bourré d’argent dans le bureau de Bernard Trépanier, ancien organisateur politique du parti du maire.
Il a parlé aussi d’un événement organisé en 2004 au profit du parti, où Nicolo Milioto aurait insisté pour l’accompagner dans une salle de toilette et lui remettre une importante somme d’argent destiné à Bernard Trépanier.
Janvier 2013 : Martin Dumont a changé à quatre reprises sa version de l’histoire dans laquelle 850 000$ auraient été comptés dans les bureaux d’Union Montréal. Il a dit qu’il avait amalgamé plusieurs anecdotes en une seule, au sujet de ce comptage d’argent. Enfin, il a fini par reconnaître qu’il avait tout inventé. Il a refusé de reconnaître devant la commission qu’il avait menti. Il a dit avoir simplement commis une erreur sur l’identité de celle qui avait dû compter cet argent.
L’avocate de Martin Dumont, Me Suzanne Gagné, a formulé une série de requêtes juridiques car elle estimait que son client avait été détenu illégalement et que ses aveux avaient été faits sous la contrainte. Mercredi le 23 janvier M. Dumont a obtenu gain de cause grâce à son avocate. La déclaration assermentée dans laquelle il a avoué avoir inventé l’histoire du comptage d’argent, ne sera finalement pas retenue comme preuve par la Commission Charbonneau.
Luc Leclerc
Ingénieur retraité de la Ville de Montréal
(31 octobre et 1er et 12 novembre 2012)
Montré du doigt par Lino Zambito, Luc Leclerc a admis avoir reçu au moins 500 000$ de pots-de-vin de la part d’entrepreneurs effectuant des travaux d’asphalte, de trottoirs et de canalisation. Il en a remis 90 000$ à la Commission. M. Leclerc a expliqué comment il autorisait des extras au profit des entrepreneurs. Il réussissait à approuver les réclamations factices des entrepreneurs en construction grâce à la « complicité tacite » des surveillants de chantier François Thériault et Michel Paquette et de son supérieur immédiat, Gilles Vézina.
Gilles Vézina
Ingénieur retraité de la Ville de Montréal.
(12-13 novembre 2012)
M. Vézina avait la responsabilité d’assigner les dossiers aux ingénieurs chargés de la surveillance des projets, dont Luc Leclerc, et d’autoriser les extras. Des documents déposés en preuve démontrent qu’en 1999 et 2011, Luc Leclerc a supervisé la majorité des contrats d’égouts accordés à six entreprises montrées du doigt comme faisant partie du cartel des égouts par de précédents témoins. M. Vézina a démenti avoir su que des entrepreneurs s’étaient regroupés en cartel et que des employés sous sa responsabilité étaient corrompus.
Il a admis qu’il existait une grande proximité entre l’équipe qu’il dirigeait et des entrepreneurs en construction mais a dit qu’il n’y voyait là que des « relations d’affaires ».
La Ville de Montréal l’a suspendu sans solde après que Luc Leclerc l’eut mis en cause lors de son témoignage.
Yves Themens
Ingénieur de la Ville de Montréal.
(13-14 novembre 2012)
M. Themens a été appelé à la barre des témoins après avoir été mis en cause par Lino Zambito, Gilles Surprenant et Luc Leclerc. Il a nié toutes les accusations faites à son endroit et a expliqué son rôle dans le processus d’octroi des contrats à la Ville.
Suite aux allégations à son sujet, la Ville de Montréal l’a suspendu le 2 octobre de son poste de chef de section, contrôle des matériaux et expertise. Son salaire lui a été retiré le 5 novembre.
Michel Paquette –
Agent technique de la Ville de Montréal / Surveillant de chantier. (14-15 novembre 2012)
Le témoignage de M. Paquette a permis d’en apprendre d’avantage sur le rôle des surveillants de chantier, qui sont des techniciens relevant d’ingénieurs chargés de projets. Mis en cause par Lino Zambito et Luc Leclerc, M. Paquette a démenti avoir été corrompu.
Il a soutenu qu’il n’était pas au courant que des entrepreneurs faisaient de la collusion pour se diviser les contrats à Montréal. Il dit qu’il se doutait qu’il y avait de la corruption puisque l’entrepreneur Tony Conte lui avait déjà demandé s’il était intéressé à faire plus d’argent.
Il dit qu’il avait refusé cette offre sans en parler à ses supérieurs. Il a reconnu avoir reçu des cadeaux de la part de certains entrepreneurs comme des billets de hockey et des bouteilles de vin mais a affirmé n’avoir rien offert en échange.
Martin Carrier
Président, Les Céramiques Lindo, Ville de Québec.
(15 novembre 2012)
M. Carrier a raconté comment il a été harcelé après avoir exprimé son intérêt pour un contrat de pose de céramiques au pavillon Jean et Marcel Coutu de l’Université de Montréal, qui était convoité par Francesco Bruno de BT Céramique.
Le témoignage de M. Carrier a démontré de quelle manière des entrepreneurs réussissent à verrouiller le marché de Montréal en usant d’intimidation avec les concurrents, avec l’aide de la mafia.
François Thériault
Agent technique de la Ville de Montréal / Surveillant de chantier
(15 novembre 2012)
M. Thériault a démenti avoir reçu des pots-de-vin d’entrepreneurs en construction. Il a par contre reconnu avoir fait un voyage de golf en 2002 en République Dominicaine accompagné de ses collègues Luc Leclerc et Gilles Surprenant, ainsi que l’entrepreneur Tony Conte.
Il a également reconnu avoir participé au tournoi de golf d’Infrabec en septembre 2007 et d’avoir reçu des billets de hockey et des bouteilles de vin. François Thériault avait été mis en cause par les témoignages de Lino Zambito, Gilles Surprenant et Luc Leclerc.
Finalement, un mois après son témoignage à la Commission, il a été accusé de parjure suite à la diffusion d’un reportage de Radio-Canada démontrant qu’il aurait obtenu en 2007 un rabais de 20 000$ sur le prix d’une maison neuve, construite sur des terrains vendus à un entrepreneur de Laval par l’entreprise Catcan de Paolo Catania.
Michel Leclerc
Propriétaire de Terramex
(19-20 novembre 2012)
Michel Leclerc a collaboré pendant une dizaine d’années avec des entrepreneurs responsables de l’implantation de systèmes de collusion à Montréal, que ce soit dans le domaine des trottoirs, des égouts et même des parcs. Son témoignage a permis d’éclaircir le rôle des sous-traitants dans ces systèmes, dirigés par des entrepreneurs généraux.
Pierre Papineau
Comerco Courtage Plus, directeur de département, entreprise.
(20 novembre 2012)
M. Papineau vendait des assurances à André Durocher d’Excavations Panthère. Cette situation lui a permis d’être témoin d’un contrat de réfection accordé par la Ville de Montréal pour des travaux rue Chabanel, en décembre 2008. Son témoignage à la commission a jeté un éclairage sur le rôle joué par les assureurs dans l’industrie de la construction.
André Durocher
Propriétaire, Les Excavations Panthère Inc.
(20-21 novembre 2012)
Comme entrepreneur de Blainville, M. Durocher a expliqué de quelle façon les contrats publics des municipalités de la Rive-Nord et de Transport Québec ont été graduellement verrouillés par des alliances qui réunissent entrepreneurs, firmes de génie-conseil et politiciens locaux.
Il a admis que dans une période où il avait eu des problèmes financiers, il avait tenté d’organiser un système de collusion sur la Rive-Nord. Il a également déclaré qu’il a lutté contre la collusion tout au long de sa carrière.
Michel Cadotte
Directeur des ventes chez Ipex.
(22 et 26 novembre 2012)
M. Cadotte a expliqué ce qui s’est produit en 2006, lorsque la Ville de Montréal a envisagé d’utiliser des tuyaus fabriqués par sa compagnie pour des contrats d’égouts à Montréal. Son témoignage a attribué un rôle important à l’entrepreneur Nicolo Milioto sur le choix de matériaux que préconise la Ville.
Jean Théoret
de Gérard Théoret Inc.
(26 novembre 2012)
M. Théoret est un entrepreneur de Maple Grove, près de Beauharnois. Il est venu expliqué devant la commission, les mauvaises expériences qu’il a vécues les fois où il a soumissionné pour des contrats de la Ville. Son témoignage a repris des éléments déjà abordés dans ceux des entrepreneurs Martin Carrier de Québec et André Durocher de Blainville.
Piero Di Lorio
Ex Compagnie Excavation D.P. Ltée.
(26-27 novembre 2012)
M. Di Lorio, ex-entrepreneur montréalais, est venu affirmer à son tour que des entrepreneurs en construction font de la collusion pour se répartir les contrats publics de la Ville de Montréal. Il a parlé de lien avec les siciliens, mais sans mentionner le clan Rizzuto.
Il a aussi affirmé qu’il avait été lui-même victime d’intimidation.
Erick Roy
Enquêteur de la Commission.
(27-28 novembre 2012)
M. Roy est venu déposer à la commission des données qu’il a compilées sur le club privé 357c du Vieux Montréal.
Il a présenté une liste de rencontres entre des entrepreneurs en construction, des représentants de firmes de génie-conseil, des politiciens et fonctionnaires de la Ville de Montréal, qui ont eu lieu au club entre janvier 2005 et octobre 2012.
Alexandra Pion
Ex-réceptionniste chez Union Montréal.
(21 janvier 2013)
Mme Pion avait été cité lors du témoignage de Martin Dumont. Elle a contredit la version de ce dernier. Selon sa propre version des faits, l’argentier du parti, M. Trépanier, lui aurait demandé une seul fois de compter de l’argent.
Elle aurait alors refusé sans hésitation, en mentionnant que cela ne faisait pas partie de ses tâches. Elle aurait alors quitté les lieux tout simplement. Elle affirme n’avoir subi aucune intimidation suite à ces événements.
De plus, elle a dit n’avoir aucun souvenir d’avoir parlé à Martin Dumont ou de s’être plaint à lui.
Robert Pigeon
Directeur des opérations et enquêtes de la Commission.
(21-22 janvier 2013)
M. Pigeon a brièvement témoigné concernant la confusion sur l’interrogatoire de Martin Dumont. Il a reconnu qu’il avait utilisé des techniques d’enquête en soumettant des hypothèses à M. Dumont.
Cependant, il a également dit que M. Dumont avait eu la possibilité de parler avec son avocate et qu’il avait été informé qu’il était libre de partir s’il le souhaitait.
Il est à noter que Michel Lalonde est entendu à la Commission depuis quelques jours et qu’il est encore trop tôt pour faire un résumé de son témoignage.
Suite de l’article: selon la section
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