Par : Me Julie Couture | Publié le : 18 décembre 2020
C’est aujourd’hui, vendredi 18 décembre, que le juge Dalmau a rendu la décision que plusieurs attendaient avec impatience : le verdict d’Éric Salvail. On se souviendra que l’ex-animateur et producteur de télévision était accusé d’agression sexuelle, harcèlement et séquestration. Le tout était survenu en 1993 à l’endroit du plaignant, Donald Duguay, un collègue de l’époque. Coup de théâtre : Éric Salvail est acquitté sur toute la ligne.
Preuve de bonne réputation pour Éric Salvail
Au procès, Monsieur Salvail a choisi de présenter une preuve de bonne réputation. Cest-à-dire qu’il a entrepris de démontrer qu’il était incapable de faire ce qu’on lui reprochait. Il est venu démontrer que son comportement habituel et sa réputation ne concordent pas avec ce qui lui est reproché.
En réponse, la poursuite a demandé la permission de présenter des témoignages relatifs à cette preuve de bonne réputation. Ceci a été permis par le juge. C’est ainsi que la poursuite a mis en preuve des éléments démontrant que Mr. Salvail aurait commis des gestes similaires envers d’autres personnes par le passé.
Versions contradictoires
Au final, c’est sur des versions contradictoires que devait se prononcer le juge pour décider de la culpabilité de Mr. Salvail. Il n’a pas cru à la version du plaignant :
« La preuve ne permet pas d’écarter la possibilité que le plaignant fabrique le récit. Il a peu d’égard pour la vérité, peu de choses permettent de distinguer le vrai du faux. »
L’Honorable juge Alexandre Dalmau
Différents éléments ont causé ceci. On parle notamment de contradictions dans les déclarations faites aux policiers par le plaignant. De plus, sa tendance à exagérer les faits et son incapacité à reconnaître qu’il pourrait se tromper sur certains faits et dates ont été pris en cause.
Ceci dit, il n’a pas cru non plus la version d’Éric Salvail. M. Salvail s’est défendu en disant que les accusations du plaignant étaient farfelues et invraisemblables. Le juge ne l’a pas cru et son témoignage a été rejeté par le tribunal. Or, le fardeau de la poursuite était de prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de l’accusé. Le juge ne pouvait simplement choisir entre les deux versions qui lui étaient présentée. Malgré que le témoignage d’Éric Salvail ne lui apparaissait pas comme crédible, le témoignage de M. Duguay ne s’est pas lui non plus montré suffisamment convainquant pour mener à une condamnation. Au final, Éric Salvail a été acquitté, bénéficiant du fameux doute raisonnable.
Éric Salvail acquitté : 30 jours pour aller en appel
Dans ce genre de dossier où le juge doit trancher entre deux versions contradictoires, le fardeau est très élevé pour la poursuite. Si un doute persiste dans l’esprit du juge, même s’il ne croit pas non plus l’accusé, il doit l’acquitter. C’est ce qui s’est produit dans le cas de M. Salvail. La poursuite a maintenant 30 jours pour décider si elle va en appel de ce verdict.
Finalement, justice a été rendue. Les deux parties ont eu l’occasion de s’expliquer. Un juge impartial s’est prononcé après avoir entendu la version de chacun. C’est comme cela que fonctionne notre système de justice.
Un procès sur la place publique en parallèle
De plus, la grande couverture médiatique a certainement exercé une pression supplémentaire sur les différents acteurs du procès. Citons en exemple le plaignant qui s’est vu sévèrement critiqué sur la place publique et dans les médias sociaux. Bien entendu, l’accusé a lui aussi fait les frais de la colère du public depuis le début de toute cette histoire. C’est le fardeau des gens célèbres.
Il y a fort à parier que nous n’avons pas fini d’entendre parler de cette affaire. Surtout s’il y a un appel. C’est ce que nous saurons dans 30 jours. À suivre…