Oscar Pistorius, médaillé meurtrier ?
Il s’était fait connaître pour sa persévérance. Il est le premier athlète paralympique à se qualifier pour une épreuve d’athlétisme aux Jeux Olympiques. En 2012, il était parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde selon le prestigieux Time magazine.
Mais la journée de la Saint-Valentin 2013, Oscar Pistorius a atteint un sommet de popularité à travers le monde, mais pour des raisons beaucoup plus tragiques.
De graves accusations
En effet, l’accusation de meurtre prémédité a été déposée contre M. Pistorius dans les heures suivant un terrible drame survenu dans la nuit du 14 au 15 février.
Quatre balles auraient été tirées sur son amie de cœur, la mannequin Reeva Steenkamp, alors qu’elle se trouvait dans la salle de bain.
Le principal suspect admet avoir tiré les coups de feu, mais nie qu’il puisse s’agir d’un geste volontaire. Il affirme plutôt qu’il a cru à un cambriolage et qu’il a tiré à travers la porte de sa salle de bain, convaincu qu’ils étaient alors en danger.
La prochaine audience est prévue pour le mois de juin, mais fortes sont les chances que le procès ait lieu beaucoup plus tard.
Une histoire inusitée
Depuis le drame, deux autres accusations sont venues à l’attention des médias.
Nul autre que l’enquêteur principal au dossier, Hilton Botha, est lui-même accusé de sept tentatives de meurtre à la suite d’une fusillade survenue en 2011. L’accusation avait été abandonnée à l’époque, mais elle a refait surface après avoir été rétablie dans les jours suivant la comparution de M. Pistorius.
Comme si ce n’était pas assez, les médias ont appris récemment que le frère d’Oscar Pitorius, Carl, est lui aussi sous le coup d’une accusation d’homicide involontaire, cette fois pour une histoire qui remonte à 2010. Il s’agirait d’un accident de la route impliquant une femme sur une moto qui serait décédée en raison de la collision.
Libéré sous conditions
Autre coup d’éclat dans l’affaire Pistorius, le juge sud-africain Desmond Nair, en charge de prendre la décision sur la remise en liberté de l’athlète déchu, a tranché en faveur d’une libération de l’accusé.
Monsieur Pistorius, pour retrouver sa liberté, a dû fournir une caution d’un million de rands, soit environ 115 000$ canadiens.
Il doit de plus
- s’abstenir de communiquer avec les témoins,
- remettre son passeport au tribunal et
- se rendre au commissariat deux fois par semaine.
Il s’agit de conditions qui sont régulièrement émises au Canada aussi, au moment d’une remise en liberté d’un accusé en attendant son procès.
Toutefois, ce qui est plutôt surprenant,
…c’est la remise en liberté d’un individu accusé de meurtre prémédité.
En effet, il est plutôt rare qu’un juge accepte une remise en liberté lorsqu’une personne fait face à d’aussi graves accusations étant donné que le principal suspect fait face à la prison à vie s’il est déclaré coupable.
Les risques reliés à une fuite hors du pays afin d’éviter de subir un procès ou la dangerosité d’un accusé remportent généralement sur la présomption d’innocence lorsque le juge doit prendre la décision de libérer ou non un accusé.
Or, dans cette affaire, le juge a conclu que M. Pistorius n’était pas dangereux pour le public et que sa notoriété faisait en sorte que les risques qu’il ne se présente pas à son procès sont plutôt faibles. L’avocat de l’athlète, Me Barry Roux, avait aussi fait valoir au juge que l’enquête policière avait été bâclée.
Rappelons que
Le procès pour meurtre de Pistorius ne sera pas son premier passage devant un tribunal. Alors qu’il avait été banni des compétitions en raison de son handicap, sous prétexte que ses lames de carbone pouvaient lui procurer un avantage sur les autres coureurs, il avait porté cette décision en appel devant le Tribunal international du sport. Il gagna sa cause et nous avons ainsi tous pu suivre ses exploits aux Jeux olympiques et paralympiques de 2012.